Féminisme et universalisme du Conseil de l’Europe: le cas de la dénomination violence domestique à l’égard des femmes

En adoptant une approche d’analyse du discours, cet article interroge l’identité de positionnement du Conseil de l’Europe à partir de la dénomination violence domestique à l’égard des femmes adoptée par l’institution dans sa Campagne pour combattre la violence à l’égard des femmes, y compris la violence domestique 2006-2008. La dénomination est analysée comme un préconstruit qui est l’aboutissement d’un processus de transformation 1) des récits à la première personne des victimes et 2) de la dénonciation collective ayant permis aux femmes de dévoiler la violence privée en exprimant aussi leur appartenance à un groupe social opprimé par les hommes. La dénomination abstraite relève d’une stratégie d’effacement énonciatif typique du discours institutionnel mais une approche discursive permet de faire ressortir le passé du présent, le discours militant subjectif du discours consensuel désubjectivisé. Tout en adoptant des stratégies d’abstraction et de neutralisation du conflit homme/femme, le Conseil de l’Europe s’inscrit en effet dans un champ discursif fortement marqué par la mémoire des discours individuels et collectifs dénon ant la violence comme le fruit de la domination masculine sur les femmes. Son identité de positionnement se révèle donc constitutivement plurielle, à la fois universaliste et féministe.