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m@gm@ 2012
Le parcours d’un juste: mémoires politiques, mémoires militantesKeywords: mémoires politiques , militantisme , objectivité , justice , morale Abstract: Avocat engagé, Robert Badinter s'est retrouvé en situation de mettre en pratique ses idéaux. Son dernier livre, Les épines et les roses, publié chez Fayard (Paris, 2011) est le récit de son parcours de ministre de la Justice. Cet ouvrage soulève ainsi des questions sur les rapports entre mémoires rédigées et image de soi, mais aussi entre la mémoire du sujet et la mémoire collective à laquelle il participe. En racontant sa version du passé, l'auteur entend influencer la lecture de celui-ci et contr ler, en partie, le souvenir qui en sera gardé dans l'opinion. Car, bien qu'il se présente tout au long de l'ouvrage comme un homme ordinaire, arrivé de manière inattendue au pouvoir, Robert Badinter omet de rappeler que tout son parcours postérieur à cette expérience de ministre s'est déroulée à des niveaux de responsabilité en lien étroit avec le pouvoir politique. Après cet accès momentané au pouvoir exécutif, Robert Badinter a ainsi été président du Conseil constitutionnel, fonction à forte dimension politique, avant d'accéder à des fonctions prestigieuses au niveau international. Enfin, son parcours politique s'est poursuivi par son élection au Sénat et donc par une participation directe à l'exercice du pouvoir législatif. Bien s r, les responsabilités ne sont pas les mêmes, et pour quelqu'un qui s'est souvent refusé à parler de lui, se mettre en scène en tant que garde des Sceaux revêt une signification particulière. Il s'agit ainsi de rendre pérenne le souvenir d'un combat et d'une action dont les résultats les plus forts – abolition de la peine de mort et réforme du code pénal – continuent de fa onner, à leur manière, la société fran aise. Mais au-delà du bilan, ce retour sur le passé est également l'occasion de s'ériger en juge du temps présent. Le combat n'est pas terminé et cet ouvrage se veut aussi une oeuvre militante. En analysant cette volonté de se présenter en citoyen ordinaire et de se démarquer du reste de la classe politique, il s'agira ainsi de voir ce qui, dans le récit, relève du mythe personnel et de son inscription dans une histoire plus large qui est celle d'une mythologisation de la gauche fran aise. Le mythe sert ici de support au récit, pour donner du sens aux actes et les inscrire dans une histoire bien plus grandiose, démentant en cela la volonté d'humilité pourtant professée de la première à la dernière page. Cette posture n'est d'ailleurs pas sans poser problème dans la mesure où elle semble mettre à profit le discrédit croissant dont souffrent les élus et les décideurs politiques dans leur ensemble. Le combat tel qu'il est men
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