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L’Hyperréalisme de Nicholson Baker, ou comment se refamiliariser avec le quotidienDOI: 10.4000/amerika.3075 Keywords: Nicholson Baker , Hyperréalisme , théorie de la réception , postmodernisme , récit savant et thématiques populaires , Hyperrealism , reception theory , Postmodernism , learned narrative and popular themes , états-Unis Abstract: Cet article se propose d’étudier la dynamique inhérente à deux romans de Nicholson Baker – The Mezzanine et A Box of Matches – et la fa on dont celle-ci repose sur une dialectique populaire/savant, et plus exactement thématique populaire/récit savant. Après avoir défini la culture savante avant tout comme une culture de communauté, comme cela a été fait par le philosophe Hilary Putnam à travers son concept de division linguistique du travail ( linguistic division of labor ), nous tentons de démontrer qu’être savant en littérature n’est pas lié à ce que l’on dit, mais à la fa on dont on le dit. En d’autres termes, il peut exister des récits savants dont la thématique est essentiellement populaire. La littérature proposée par Nicholson Baker obéit justement à cette logique : à travers des chronotopes réduits, mais denses, ses romans nous refamiliarisent avec l’infra-ordinaire, l’ultra-populaire, les gestes répétitifs et souvent mécaniques du quotidien, par le biais de récits pourtant sophistiqués – savants puisque nécessitant une très bonne culture littéraire – se caractérisant par des écarts formels typiquement post-modernes (notes pléthoriques, logique itérative poussée à l’extrême). This article aims at studying the dynamics of Nicholson Baker’s The Mezzanine and A Box of Matches, which is based on a lowbrow/highbrow dialectics, and more precisely on a dialectical tension between a lowbrow subject matter and a highbrow narrative. After addressing the nature of “highbrow culture” through Hilary Putnam’s concept of “linguistic division of labor”, we try to show that the very idea of “highbrow literature” does not stem from what the author writes about but from how he writes about it. In other words, a highbrow novel can tackle lowbrow themes. Nicholson Baker’s novels corroborate this claim: dealing with extremely limited chronotopes (a few minutes during lunch-time or the same time of the day over and over again), they purport to refamiliarize the reader with “the undocumented texture of our daily lives”, with the supra-ordinary world, with everyday – mostly unconscious – gestures and acts, but they do so by means of particularly sophisticated narratives, “highbrow narratives”, requiring a very good literary background and a knowledge of postmodern narrative disruptions (plethoric footnotes, iterative sequences).
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