L’ère du soup on : l’identification de la frontière ethnique et religieuse dans les récits de la fitna andalouse (iiie/ive-ixe/xe siècles) The age of suspicion: identifying ethnic and religious boundaries in al-Andalus in the fitna narratives of the IIIrd-IVth/IXth-Xth centuries

Le récit de la fitna andalouse des ixe-xe siècles, phase au cours de laquelle l’émirat omeyyade dut affronter une série de pouvoirs rebelles pour finalement en triompher et réaliser l’unité califale, offre un cadre propice pour une interrogation sur l’identification de la frontière ethnique et religieuse. Dans le Muqtabis d’Ibn ayyan, cette frontière est même exacerbée puisque l’historien signale le repli sur l’esprit de corps (‘asabiyya) du groupe comme le principal facteur de déstabilisation de l’ordre légitime. Parmi les groupes impliqués, la première place revient aux convertis d’origine autochtone (muwallad n), accusés d’avoir revêtu le masque de l’islam sans s’être fondus dans le moule de l’arabité. La fitna émirale appara t ainsi comme une véritable ère du soup on où les frontières religieuses vacillent, révélant ainsi la fragilité du processus d’islamisation During the ninth/tenth-century Andalus fitna the Umayyad emirate confronted various “rebellious” centers of power until it subdued them and established unity under the caliphate. The narrative of this fitna offers a good framework for an analysis of the way ethnic and religious boundaries were identified. Such boundaries are much emphasized in Ibn ayyan’s Muqtabis, where he points out a heightened sense of group solidarity (‘asabiyya) as one of the principal factors that destabilizes central power. He especially mentions here local converts (muwallad n), accused of donning an Islamic mask without truly becoming Arab. In this way, the fitna appears as an “age of suspicion” when religious borders became unstable, thereby revealing the fragility of the process of Islamicization.