La nisba tribale entre identification individuelle et catégorisation. Variations dans la Sicile des xe-xiie siècles Individualizing and categorizing: the tribal nisba and its variants in Sicilian sources of the Xth-XIIth centuries

Il s’agit ici de cerner le r le de la nisba tribale dans le cadre de l’identification par l’anthroponymie en Sicile entre le xe et le xiie siècle. Les sources considérées permettent, pour une part (chroniques, ouvrages de abaqat), de retracer le contexte dans lequel s’insèrent les documents locaux analysés, tous fruits de la pratique administrative ou notariale. Le foisonnement du nom islamique permet de décliner des dénominations sélectives en fonction du contexte et la nisba tribale n’est pas un élément décisif de l’identification par la dénomination individuelle dans la Sicile des xie-xiie siècles. Arborée par les savants et, surtout, quasiment obligatoire pour les témoins énumérés dans les actes notariés, elle qualifie les élites urbaines et est un signe d’appartenance à une aristocratie, à une notabilité. En revanche, dans les zones rurales, documentées partiellement par des listes fiscales, elle appara t très effacée. La nisba tribale véhicule d’autres éléments (honorabilité, appartenance aux élites, etc.) que ceux strictement nécessaires à l’identification personnelle. Elle n’individualise pas mais identifie en renvoyant à un groupe, ici la tribu et sa célébrité. Il s’agit donc plus d’un élément de catégorisation que d’individuation. This article aims to elucidate the role played by tribal nisba-s in people’s names in Sicily between the tenth and the twelfth century. The sources considered (narratives and abaqat) allow us to describe the context in which local administrative as well as notarial documents should be read.Islamic personal names, consisting of various elements, allow selective variations according to context, and tribal nisba-s are not necessarily central to individual identification. Sanctioned by the learned and an almost necessary requirement for witnesses of notarial acts, the tribal nisba indicates urban élite-status and aristocrayic birth, whereas it remains very rare in rural areas as can be documented through fiscal rolls. Thus, tribal nisba-sconvey social attributes (such as honour or class), rather than merely indicating a person’s individual identity. Individuals are defined in relation to groups i.e. the tribe and its fame. Therefore, tribal nisba-scategorize rather than individualize.