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La conversion d’Alexandre le Grand au juda sme : transpositions et avatars d’une légende dans les Romans d’Alexandre fran ais du XIIe siècle The conversion of Alexander the Great to Judaism in the French Alexander Romances of the XIIth century : transforming and adapting a legend.DOI: 10.4000/cerri.454 Keywords: conversion , Alexander , judaism , Jerusalem , Josephus , french romance , rabbinical literature , midrash , pseudo-callisthene , anachronism , conversion , juda sme , Alexandre , Jérusalem , Flavius Josèphe , roman antique , littérature rabbinique , Midrash , Pseudo-Callisthène , anachronisme Abstract: Rapportée dès l’Antiquité tardive par Flavius Josèphe et un certain nombre de sources rabbiniques, la rencontre légendaire entre Alexandre et les représentants officiels du juda sme à Jérusalem a donné lieu à de multiples adaptations et réécritures au cours du Moyen ge, en particulier dans les romans fran ais qui retracent en de vastes fresques versifiées l’épopée du conquérant macédonien. Si l’épisode a été lu jusqu’ici avant tout comme l’expression d’une authentique conversion d’Alexandre au monothéisme juif, cet article se propose de revisiter le passage en remettant largement en question cette interprétation. Partant du postulat qu’envisager une conversion au juda sme dans le cadre d’une littérature médiévale nourrie de références chrétiennes ne va pas de soi, le propos se construira à partir d’un double questionnement : est-ce bien une conversion sincère qui nous est donnée à voir, ou plut t un subtil simulacre, à en juger du moins par l’ambigu té des marques de la conversion ? Dans le premier cas, si l’on tient compte des fréquentes tendances à l’anachronisme et à la christianisation, à quelle foi Alexandre est-il censé se convertir ? Dans l’autre cas, de quelle stratégie un tel geste relève-t-il, aussi bien de la part du personnage lui-même que de l’auteur qui le met en scène dans une perspective se voulant a priori exemplaire ? Nous verrons qu’à toutes ces questions les réponses sont loin d’être univoques et que des divergence profondes se font jour entre les différents traitements de l’épisode, avec deux constantes toutefois : le respect marqué pour une certaine forme d’altérité, sinon d’étrangeté, celle d’Alexandre comme celle de ses interlocuteurs juifs, aisément identifiables, et la volonté de mettre en récit une rencontre qui s’apparente davantage à une man uvre stratégique inavouée qu’à une conversion religieuse à proprement parler. Traced back to Josephus Jewish Antiquities and to various rabbinical sources, the legendary encounter between Alexander the Great and the Jews in Jerusalem has given way to many adaptations throughout the Middle Ages and cand be found in particular in vernacular narratives of the XIIth century. Whereas Alexander’s conversion to judaism has often been taken for granted, my purpose here is to reconsider the story and to question such a view completely. Considering that portraying a conversion to judaism was hardly a genuine option for a medieval writer eager to promote the eminent qualities of his heroe, the inquiry will be twofold : first, are we truly confronted here with a conversion narrative ? And if so, is
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