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Politiques et pratiques de la science en cour de Rome au temps des Lumières. Le renouveau méconnu des pontificats pio-clémentins (1769-1799)DOI: 10.4000/crcv.11553 Keywords: sciences , papauté , Beno t XIV , Clément XIV , Pie VI , Curie , physique , astronomie , La Sapienza , mécanique , médecine , observatoire , Rome , Italie , Vatican , XVIIIe siècle Abstract: Souvent réduite à la figure de Beno t XIV, la politique de la cour de Rome en matière de science à l’époque des Lumières a connu d’importants développements dans la seconde moitié du siècle, au cours des pontificats de Clément XIV (1769-1774) et de Pie VI (1775-1799). La suppression de l’ordre des jésuites, imposée au Saint-Siège par les monarchies catholiques en 1773, engendra en effet une véritable recomposition de la politique pontificale en matière de science et de savoirs. Ce renouveau, confié à des prélats appelés à jouer un r le croissant au sein de la Curie, impliqua des savants romains appartenant à divers ordres religieux, et bénéficia aux nombreux hommes de science étrangers de passage à Rome dans le cadre du Grand Tour.Dans le domaine des sciences mécaniques et astronomiques, le futur secrétaire d’état de Pie VI, Fran ois-Xavier Zelada, uvra à la constitution d’un observatoire et d’un cabinet de physique expérimentale au Vatican, délibérément ouverts aux savants étrangers. Il permit ainsi à la ville de Rome de s’associer à la construction épistolaire du nouvel espace européen de relevés astronomiques engendré par la découverte de la planète Uranus. Zelada reprit également en main le Collegio Romano des anciens jésuites, appelant à y enseigner à des savants tels que le père minime Fran ois Jacquier, célèbre pour son commentaire latin des Principia de Newton. Dans le domaine médical, Pie VI créa à la Sapienza une nouvelle chaire d’obstétrique et de chirurgie, ce qui entra na un accroissement du nombre des étudiants en médecine au sein de la célèbre université romaine. Le médecin du pape, Giuseppe Flajani, augmenta en outre les collections de cires anatomiques et multiplia les séances de dissection au sein l’h pital Santo Spirito in Sassia, en les ouvrant au public des savants étrangers. Enfin, dans le domaine en voie de constitution des sciences de l’homme, Stefano Borgia mis à profit le réseau missionnaire pour former au sein du Collegio di Propaganda Fide et dans la ville de Velletri des collections anthropologiques touchant aux diverses civilisations du monde. Relevant davantage de l’encyclopédisme des Lumières que de l’éclectisme des cabinets de curiosités, ces collections attirèrent en nombre les savants issus des diverses académies des sciences européennes.Trouvant son pendant dans le domaine artistique avec la création du musée Pio-Clementino, cette politique de la science participe d’une vaste ambition de reconquête culturelle catholique. Tout en rejetant violemment les expressions les plus radicales de la culture des Lumières, comme
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